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Le Temps : Avec Claudie Hunzinger, au milieu des grands cerfs

mardi 27 août 2019, par webmestre

Depuis un balcon rocheux, au cœur de la forêt vosgienne, l’écrivaine et plasticienne envoie des signaux poétiques qui questionnent nos rapports aux animaux et aux plantes

https://www.letemps.ch/culture/claudie-hunzinger-milieu-grands-cerfs

Les livres de Claudie Hunzinger sont des tentatives d’élargissement. De soi, du monde. Des exercices de respiration poétique qui font, par instants, abaisser les frontières : humains, animaux, femme, homme, jour, nuit. Depuis les années 1960, elle fait œuvre de la montagne, des plantes, des mots, découvrant des alphabets dans les prêles comme d’autres lisent les étoiles, brassant les feuilles d’érable pour mettre à nu des graphies insoupçonnées, malaxant sa vie au vert, son ensauvagement, son duo avec Francis, compagnon de toujours, en matière romanesque, organique, qui croît à son rythme, tel un arbre.

Ecrivaine et plasticienne, elle vit à Bambois, dans le massif des Vosges et de ce havre façonné au fil des ans elle a fait un atelier d’artiste, un territoire d’exploration d’une autre vie possible, et un motif littéraire récurrent. Francis, elle-même, le corps de ferme où ils ont, un temps, élevé des moutons, tissé la laine et créé des tapisseries exposées loin à la ronde, mènent ainsi, d’année en année, une vie parallèle de personnages de roman. Le dernier sera en librairie le 5 septembre.

Presque une voisine
Il y avait l’ampleur du titre, Les Grands Cerfs, comme un appel silencieux ; le roman lui-même, tressé de musc, de résine, d’apparitions et tendu, comme un point d’interrogation, au-dessus de l’abîme. Le fait aussi que Claudie Hunzinger se trouve à un saut de puce ou presque de Bâle, presque une voisine en somme, avait fait germer l’idée d’aller la rencontrer, chez elle. « Je viendrai vous chercher à la gare de Colmar et nous irons là-haut en voiture », nous avait-elle dit au téléphone, et ce programme tout simple avait pris, à sa façon de l’énoncer, à sa voix un peu chuchotée, un air de fête. Et nous avions dit oui, nous irons là-haut, sachant par avance qu’il y aurait cette sensation, ce vertige puissant d’y avoir déjà été, par la lecture de ses livres.