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La Survivance dans "Lire"

dimanche 9 septembre 2012, par webmestre

Par Christine Ferniot (Lire)

Victime d’une faillite, un couple de libraires s’isole dans une cabane vosgienne baptisée "La Survivance". Claudie Hunzinger signe un texte élégiaque sur la nature et les sentiments retrouvés.

Dans le Brézouard, "montagne des merveilles" piquetée de trous et burinée par le vent, La Survivance n’est même plus une maison, à peine une cabane oubliée de tous. On ne la voit pas du chemin, rongée par l’humidité, les bouleaux, les sureaux et les orties qui ont pris toute la place. Au-dessus de Colmar, en Alsace, près de Kaysersberg, les hivers durent longtemps et le froid est intenable quand la neige s’installe pour plusieurs mois. Jenny et Sils, son mari, n’en ont pas vraiment conscience lorsqu’ils décident de s’installer là-bas. Leur librairie n’a pas trouvé une clientèle suffisante et la faillite les laisse exsangues. Seuls les livres leur tiennent encore un peu chaud mais il faut les ranger dans les cartons, en direction de La Survivance.

Voici, tout à la fois, le récit de ce voyage en pays perdu, le journal d’une année nouvelle et une déclaration d’amour à la littérature et à sa toute-puissance. Tels des aventuriers, le couple réapprend les gestes du quotidien, les erreurs à ne plus commettre, les victoires minuscules. Ils arrivent en terrain lourd : la pluie est vite pénétrante, le confort est un vain mot. Entre l’ânesse et la chienne, un coq et deux poules soi-disant pondeuses, ils cherchent un réconfort difficile. Seul le canapé rouge symbolise leur gloire passée, lorsqu’ils accueillaient les lecteurs aujourd’hui absents. Claudie Hunzinger confie ses inquiétudes quand les bruits de la nuit font penser à une tribu d’Indiens autour d’une roulotte. Elle décrit ses rencontres avec les cerfs et les biches qui détruisent son potager. Quand les temps sont trop durs, elle descend vers la civilisation vendre un de ses précieux livres pour acheter du riz et d’autres produits d’urgence. L’isolement extrême rapproche les vieux amants qui avaient pris l’habitude de vivre en parallèle. Les voilà serrés, blottis, amoureux encore et toujours.

En 2010, Claudie Hunzinger, artiste plasticienne, avait écrit son premier roman, Elles vivaient d’espoir (réédité chez J’ai lu). On retrouve dans ce texte incarné son attention poétique à l’égard de la nature, sa passion pour la littérature, son regard détaché sur un monde matérialiste qui ne l’intéresse pas. Elle nous offre une belle leçon de vie mais aussi une sorte de bibliothèque idéale : celle que nous pourrions emporter sur une île déserte ou dans une masure perdue du côté des forêts vosgiennes. Ainsi, nous serions prêts à notre tour pour les intempéries et la solitude glacée.

La Survivance dans "Lire"