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Parution du roman de Claudie Hunzinger, La langue des oiseaux, chez Grasset

lundi 23 juin 2014, par webmestre

Parution aux éditions Grasset, le 27 août 2014 du roman de Claudie Hunzinger.

Quatrième de couverture

« La nuit où j’ai rencontré Kat-Epadô, j’étais seule dans une baraque isolée, porte fermée à double tour. Dehors, la tempête. À perte de vue, des forêts. »

ZsaZsa, une romancière, quitte Paris pour aller dans les montagnes étudier la langue des oiseaux. Elle n’imaginait pas que le soir même, allumant l’écran, elle allait rencontrer une étrange Japonaise dont l’écriture la fascine aussitôt par son charme maladroit. Un jour, celle-ci débarque. Elle a peur. Pourquoi ces deux filles vont-elles fuir ensemble à travers les forêts ? De nuit seulement ? Qu’est-ce qui les lie ? Qui les poursuit ?

Ecrire rend la vie romanesque

Sayo, celle qui allait devenir mon personnage, une Japonaise exilée en France, je l’ai vraiment rencontrée sur eBay en cherchant un vêtement Comme des Garçons, une nuit, par hasard. Et c’est le français étrange qu’elle maniait qui m’a aussitôt arrêtée, comme le chant de l’oiseau dans les Illuminations.

J’avais commencé un roman où la narratrice, à la suite d’un deuil, quittait Paris pour aller dans les montagnes apprendre le langage des oiseaux. Un roman de nature, avec bouvreuils et verdiers. Mon terrain. Encore faut-il les distinguer les uns des autres. J’avais donc acheté d’excellentes jumelles et me préparais à une observation scientifique de cette faculté qu’ont les oiseaux à communiquer par chants. Je n’imaginais pas que quelques jours plus tard, une nuit, allumant l’écran, j’allais ouvrir la porte à une fille qui, elle, parlait la langue des oiseaux, en un amusant quiproquo entre langage et langue, tendu par le hasard, comme un piège. Car la langue des oiseaux, en effet, désigne tout autre chose : un système codé, crypté, secret, magique, appelé aussi langue du paradis, langue verte, langue des enfants, qualifiant ainsi toute langue utilisée par des initiés, et ceci sans doute depuis le paléolithique, dans toutes les cultures. On trouve cette expression chez Virgile (auspices), mais aussi chez les Troubadours, les Soufis, ou encore chez Rabelais et mille autres dont Lacan (pour les jeux de mots). Jusqu’au verlan.

J’ignorais plus ou moins tout cela. J’en étais aux mésanges ! Et la nuit où j’ai découvert Sayo, de l’autre côté de l’écran, occupée à de petits textes aussi concis que des rébus pour décrire ses vêtements mis en vente, je n’ai pas saisi d’emblée que j’étais entrée - à mon insu - dans un roman magique où s’entendrait, non pas le langage mais la langue des oiseaux. Dès cette rencontre, l’air autour de moi devint d’une musicalité particulière, d’un charme frêle mais fou, presque maladroit, et se mit à me bombarder d’événements inattendus. Sayo s’imposa comme le personnage du roman à venir. Un personnage à s’en frotter les yeux. A peine croyable. En effet comment était-il possible que dans la déchetterie planétaire d’eBay, se soit trouvée une fille aussi poétique ? Et comment avais-je pu la repérer, un tout petit point dans « le monde entier » ? Peut-être parce qu’il n’y a pas de rues en bas de chez moi. Pas de magasins. Pas de terrasse de café. Pas de transports en commun. Pas de bureaux.

Et chez moi, pas de soirées entre amis - sauf avec les livres. Et parce que j’ai décidé un jour de ne pas voyager. Le calme n’est donc troublé par rien. C’est un lac. On voit jusqu’au fond. On sait que Lancelot fut élevé dans un salon sous l’eau. Alors, l’écran tel un lac aujourd’hui ? Moi, j’y ai vu une Japonaise vendre un à un ses vêtements aux enchères pour rester en France, en apprendre la langue, la manier à sa façon. Cette féerie m’a écarquillé les yeux.

Et c’est alors, l’automne 2012, que j’ai commencé ce roman, entremêlant langage naturaliste et langue magique, et je l’ai vécu au fur et à mesure qu’il s’écrivait, tandis que Sayo et moi échangions des mails. C’est donc l’histoire de la fascination pour la langue française qui lie deux filles séparées par 1000 Km. Nous n’étions en contact que par mots. Par imagination. Par rêves aussi, d’une grande intensité. Puis un jour, de l’été 2013, le roman presque terminé, Sayo, en chair et en os, m’a rendu visite. Elle était comme je l’avais décrite sans l’avoir vue : une sorte de nonne, mais une nonne, attention ! Nous sommes devenues amies. La fiction avait fait surgir la vie. Mais ce n’était pas fini. Sayo était poursuivie. Elle avait la mafia sur ses talons...


Photographie © Juliette Bates, courtesy Galerie Esther Woerdehoff