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Romans La langue des oiseaux (Grasset) et Petits oiseaux (Actes Sud) par Jean-Guy Soumy (Populaire du centre)

jeudi 9 octobre 2014, par webmestre

ENTRE TRILLES ET PEPIEMENTS

La langue des oiseaux et le Japon semblent être les liens qui se font répondrte, subtilement, deux romans de la rentrée.
Jean-Guy Soumy

Dans l’article « La langue des oiseaux » de Wikipedia, on apprend que cette langue « consiste à donner un sens autre à des mots ou à une phrase, soit par un jeu de sonorités, soit par des jeux de mots (…) soit encore par le recours à la symbolique des lettres ». Troubadours, soufistes, alchimistes, psychanalystes … ont usé de cette langue invisible en première lecture ou première écoute. Sorte de langage clandestin qui irrigue également nombres de comptines populaires.
Tout roman réussi a pour vocation à nous faire basculer vers d’autres sens possibles du monde perçu, par et par-delà le langage. On comprend alors que Claudie Hunzinger dans son dernier roman La langue des oiseaux, aborde la question de l’ambiguïté. Pour ce faire, elle utilise le choc de deux univers extrêmes que sont sa correspondance épistolaire par internet avec une étrange Japonaise, Sayo, et la réclusion de la narratrice dans un territoire forestier. Au cœur des « Marches de l’Est(…) sur le versant lorrain, pauvre et profond des Vosges, hanté par des créatures primitives et des bêtes fantastiques. »
Il ne suffit pas de s’immerger en forêt pour abandonner ses fantômes en lisière. Ainsi Thomas, son amant, rencontré un jour d’éclipse de soleil, dont le souvenir reste brûlant : « Un garçon pas si mal que ça, hanté en permanence par les bibliothèques, par leur énorme surmoi. » Ou bien, Sayo, croisée sur internet où elle dépose de fascinantes descriptions de vêtements : « CdG Robe noire. Cette robe est un poisson à deux têtes. Le bas, un seul tube étroit. Le haut, deux grosses bouches ouvertes(^^), en réalité deux manches ballon baîllantes jusqu’à la taille. Votre ennemi en reste sans voix. » La mystérieuse Sayo rejoindra la narratrice dans la forêt hantée par des oiseaux aux chants intercesseurs. Deux mondes se réuniront.
L’imaginaire de la grande romancière japonaise Yôko Ogawa rôde également autour des volières. La langue des oiseaux que pratique le personnage de Petits oiseaux est celle des canaris, des moineaux de java et des bengalis « qui ne font que répéter les mots que nous avons oubliés. » Deux frères ne se sont jamais quittés. Le plus agé, vers l’âge de onze ans, a inventé un langage. « Quand son aîné disait un mot, ses tympans s’incurvaient selon une forme adaptée pour le recevoir, les reliant tous les deux par une forme secrète. » Ces mots qui permettent de comprendre les oiseaux et tous ceux qui sont « différents ». Poétique et magique.